Titulaire des Grandes Orgues de la Cathédrale-Basilique de Saint-Denis pendant trente années, de novembre 1987 à janvier 2018, Pierre Pincemaille a mené de front une triple carrière de concertiste, d’enseignant et d’organiste.
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Biographie de Pierre Pincemaille (1956 – 2018)
Après une formation au CNSM, couronnée par cinq Premiers Prix, Pierre Pincemaille a remporté cinq Grands prix de concours internationaux d’orgue qui l’ont lancé dans une brillante carrière internationale de soliste. Il a donné plus d’un millier de concerts à travers le monde, et joué sous la baguette de chefs prestigieux tels que Mstislav Rostropovitch, Myung-Whun Chung, Riccardo Muti, Charles Dutoit, ou John Nelson.
Pierre Pincemaille exprimait lors de tous ses concerts un incomparable talent de “coloriste”: à travers le choix parfois audacieux de registration adaptées à l’instrument sur lequel il était invité à jouer, il donnait à découvrir au public des sonorités insoupçonnées en exploitant à l’extrême toute la palette sonore d’un orgue qu’il avait découvert en quelques heures à peine…
Il a enregistré dix-neuf CD, dont les Dix Symphonies de Widor, deux intégrales de Franck et Duruflé, les œuvres de jeunesse de Messiaen, et ses propres transcriptions de L’Oiseau de Feu et de Pétrouchka d’Igor Stravinsky. C’est en reconnaissance de cette carrière qu’il a été nommé chevalier des Arts et des lettres.
Improvisateur de génie, Pierre Pincemaille a déclenché à travers ses compositions spontanées l’enthousiasme de ses auditeurs et la vocation de nombreux jeunes musiciens. Il a formé toute une génération d’organistes, français et étrangers, à cet art de l’improvisation propre à l’école d’orgue française qu’il défendait ardemment.
Professeur de Contrepoint au CNSM, à la suite de maîtres prestigieux auxquels il vouait une profonde estime et une fidélité sans faille, Pierre Pincemaille a transmis avec beaucoup de générosité sa passion pour l’Écriture. Son parcours d’enseignant a été récompensé par la médaille de Chevalier des Palmes Académiques.
À sa tribune de Saint-Denis, l’organiste offrait aux fidèles et à ses visiteurs pendant la grand- messe du dimanche matin une suite d’improvisations variées, tant dans le thème que dans la couleur. Maîtrisant parfaitement son instrument, Pierre Pincemaille, fait chevalier de l’Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand pour plus de 30 ans passés au service de l’Église, puisait dans les chants et les textes s’élevant du chœur de la cathédrale une inspiration intarissable au service des plus riches harmonies dont il avait le secret.
Chants harmonisés
À l’occasion de son 1er récital à la cathédrale Notre Dame de Paris le 7 mars 1976, Pierre Pincemaille découvre l’extraordinaire qualité musicale de la liturgie du Chanoine Jehan Revert, maître de chapelle et remarquable musicien, avec lequel il se lie d’amitié.
Présent quasiment chaque dimanche dans le chœur à côté des chanteurs de la Maîtrise, tournant souvent les pages à l’organiste de chœur, témoin attentif du déroulement des célébrations dans « l’envers du décor », il écoute, apprend et retient tout l’Art liturgique du Père Revert : un subtil équilibre entre les exigences de la messe en français de rite Paul VI (avec la création d’un nouveau répertoire), et la préservation du trésor musical que constituent le chant grégorien et le répertoire polyphonique en latin. À cet équilibre s’ajoute le parti pris d’un traitement modal de la mélodie (par opposition au traitement tonal observé à la même époque dans la paroisse voisine de Saint Séverin, et mis en œuvre par Claude Duchesneau et Michel Chapuis)
Cette formation sur le terrain, combinée à une parfaite connaissance de l’Écriture musicale acquise au Conservatoire, conduira Pierre à mettre par écrit ses propres harmonisations, toujours modales, des chants de la messe, en en faisant parfois des petits bijoux de composition, à jouer même en dehors du cadre liturgique !
À son arrivée à Saint-Denis en 1987, il entreprend de reconstruire les bases d’une liturgie musicale reposant sur un répertoire de chants adaptés tant à la taille de l’édifice qu’à l’accompagnement à l’orgue. Mais il faudra attendre la création d’un chœur polyphonique paroissial, en 2005, pour entendre chaque dimanche les 3 chants principaux, le psaume et les différents refrains de la messe, harmonisés à 4 voix.
Un corpus d’une soixantaine de partitions est ainsi constitué, sur la base d’une solide culture de la liturgie et d’une parfaite connaissance de l’Écriture musicale.
Anne-France Pincemaille